Un père de famille nous explique les raisons pour lesquelles il a déclaré la guerre au fentanyl.
« Le fentanyl a tout changé », affirme Joseph, qui ajoute être passé d’un extrême à l’autre : de sa dépendance à l’héroïne pendant une partie de sa vie, jusqu’au décès de son fils Harlan à la suite d’une intoxication au fentanyl.
Joseph décrit Harlan comme un jeune homme extrêmement chaleureux et généreux, qui a même parcouru mille kilomètres à travers trois provinces pour l’accompagner à un rendez-vous dans le cadre de son rétablissement. Il se souvient qu’Harlan a déjà payé les frais de déplacement de ses amis pour qu’ils puissent se rendre tous ensemble à des funérailles. Joseph précise que lorsque son fils se faisait offrir une substance quelconque, celui-ci il répondait toujours : « Non merci, je suis bien ».

« Il connaissait les effets dévastateurs des drogues dures », explique Joseph. « À cause de la vie que ses parents ont menée et de l’enfance à laquelle il a survécu. »
Mais un soir, dans un bar après le travail, Harlan a fait un mauvais choix, que nous aurions tous pu faire. Quelqu’un lui a offert ce qui était censé être un peu d’ecstasy. Mais en fait, la substance qu’Harlan était allé prendre ce soir-là dans les toilettes était contaminée par du fentanyl, et il en est mort.
Bien évidemment, Joseph a ressenti de la colère et de la douleur après la mort de son fils, mais une autre chose l’a terriblement choqué. En effet, lorsque les gens présentaient leurs condoléances à la famille, certains disaient : « Je ne savais pas qu’Harlan avait des problèmes de consommation ». Le fait d’entendre les gens supposer que son fils était mort à cause de problèmes de dépendance – alors qu’il s’agissait en réalité d’une mauvaise décision que son fils avait prise – a poussé Joseph à agir.
« Il a fallu beaucoup de temps avant que les gens et les médias ne comprennent la véritable cause du décès de mon fils : Harlan est mort à la suite d’une intoxication accidentelle au fentanyl, ce n’était pas un toxicomane », explique Joseph. « Toutes les stratégies des gouvernements, des médias, sont axées sur la dépendance. Personne ne parle de la consommation de drogues récréatives. Les drogues ne sont pas sûres, elles ne sont plus les mêmes qu’il y a 20 ans. Le fentanyl est venu tout changer. »
Aujourd’hui, Joseph dirige la Singing Red Bear Foundation qu’il a fondée en hommage à son fils. Dans le cadre de cette initiative, il a lancé une campagne de sensibilisation dont le slogan est « Non merci, je suis bien. », des paroles que son fils prononçait lorsque des drogues récréatives lui étaient offertes. L’objectif de cette campagne est de faire en sorte que les jeunes puissent, grâce à cette phrase, dire non aux drogues récréatives. C’est poli et ça donne du pouvoir à la personne qui le dit. C’est une façon simple et efficace de refuser les drogues dures. Joseph parcourt toute la région des Prairies pour raconter l’histoire d’Harlan et sensibiliser les communautés aux graves dangers liés à la contamination par le fentanyl des approvisionnements en drogues. Il a déjà transmis son message à plus de 6 000 élèves et souhaite poursuivre sa mission dans tout le pays.
Nos données indiquent que le fentanyl est une cause de plus en plus fréquente de décès chez les adolescents, mais ces jeunes ne sont pourtant pas tous des drogués », explique Joseph. « Je trouve du réconfort dans les efforts que je déploie pour laisser un héritage à Harlan. Je ne veux pas que l’on se souvienne de lui comme d’un toxicomane, mais bien comme d’un jeune qui a pris une mauvaise décision.