La vie d’une famille, pourtant sans antécédents de consommation d’opioïdes, est chamboulée lorsqu’un de ses membres perd soudainement la vie à la suite d’une surdose. Six ans plus tard, le drame se reproduit.
Je suis toujours hantée par ce qui est arrivé à ma famille », confie B, consultante dans le secteur de la santé. « La simple idée que cela puisse arriver à quelqu’un d’autre, et le fait de savoir que cela arrive pour vrai à d’autres personnes me hantent.
La famille de B n’avait aucun antécédent de consommation d’opioïdes. Aucun des membres de sa famille n’avait le profil habituel des gens susceptibles d’être victimes d’une intoxication aux opioïdes, explique-t-elle.
Pourtant, au début des années 2010, son frère est mort d’une surdose. Il se trouvait dans un lieu isolé, dans un camp de chasse. Il s’était mis à discuter avec un autre chasseur, un homme d’un certain âge, qui lui avait offert un sédatif pour ses problèmes d’insomnie et d’anxiété. Son frère a pris la pilule, sans se douter qu’elle pouvait contenir de la méthadone. Il n’avait jamais pris d’opioïdes auparavant et la dose qu’il a prise ce jour-là était bien trop forte… Il ne s’est jamais réveillé.

« Mon frère n’avait jamais pris d’opioïdes de sa vie », explique B. « Il ne connaissait pas du tout les risques liés à ces substances. »
Puis, six ans plus tard, le père de B a lui aussi été victime d’une intoxication aux opioïdes. Cette fois, c’est à cause d’un pilulier qui lui avait été remis par erreur. En effet, son père avait reçu le médicament (de l’hydromorphone) de quelqu’un d’autre et, à cause de ses problèmes de vision, il ne s’en était pas rendu compte. Heureusement, le père de B était à la maison ce jour-là. Ses proches ont remarqué qu’il s’était affaissé dans son fauteuil et qu’il avait les lèvres bleues. L’ambulancier qui est intervenu a remarqué qu’un nom de femme figurait sur le pilulier, il a fait le lien et a compris que son patient n’avait pas pris le médicament qui lui avait été prescrit. L’ambulancier s’est empressé de lui administrer de la naloxone et c’est ainsi qu’il a pu sauver la vie du père de B.
« Les intoxications aux opioïdes sont fréquentes et accidentelles, et n’importe qui peut en être victime, pas seulement les communautés ou les personnes marginalisées vous savez », explique B. « Je pense qu’à chaque fois qu’un pharmacien délivre un opioïde, il devrait proposer de la naloxone au patient. Il faudrait également qu’il y ait de la naloxone dans toutes les écoles et dans chaque foyer. Il faudrait aussi démocratiser la naloxone. Tout le monde sait ce qu’est un auto-injecteur EPIPEN®, pas vrai? Alors tout le monde devrait savoir ce qu’est la naloxone. Nous devrions faire en sorte que les gens puissent en parler ouvertement et sans gêne. »
Aujourd’hui, B se dit reconnaissante de pouvoir partager son histoire pour ainsi aider quelqu’un d’autre à ne pas se retrouver dans la même situation qu’elle.