Après le décès de sa fille, une infirmière praticienne autochtone et spécialiste des problèmes de dépendance a décidé de lutter contre la stigmatisation.
Ni Connie ni aucun membre de sa famille ne consomment d’opioïdes ou de drogues récréatives. Pourtant, la crise des opioïdes, par son ampleur et sa complexité, continue de jeter une ombre sur leur vie.

Connie a travaillé dans le domaine de la santé et s’est spécialisée dans le traitement de la santé mentale, de la toxicomanie et d’autres problèmes connexes pour le compte de plusieurs organismes ontariens. Elle possède des compétences uniques qui lui permettent notamment de déceler certains des facteurs qui compliquent le traitement des personnes aux prises avec une dépendance aux opioïdes.
Pour Connie, le facteur qui vient en tête de liste est la stigmatisation.
Je constate une méconnaissance de la situation », dit Connie. Elle explique que les personnes souffrant de troubles mentaux risquent de devenir accros aux opioïdes. Mais la stigmatisation, comme le précise Connie, peut masquer la complexité qui entoure la santé mentale et amener les amis, la famille, voire les prestataires de soins, à considérer la dépendance aux opioïdes comme un « comportement axé sur un besoin impérieux de la substance.
Or, les idées préconçues selon lesquelles les toxicomanes sont des moins que rien font courir des risques à tout le monde. Non seulement en raison d’un risque d’exposition aux drogues de rue, qui sont très toxiques de nos jours, mais aussi à cause de bien d’autres facteurs moins évidents.
Le témoignage de Connie est très personnel et concerne sa fille. « Nous sommes d’origine ojibwée », explique Connie. « Déjà, le simple fait d’être membre d’une Première Nation autochtone est source de stigmatisation. Ma fille était atteinte d’un trouble sanguin rare et, pendant plus de cinq ans, elle a reçu d’excellents soins de santé. Mais elle a également été victime de stigmatisation et de racisme, notamment parce qu’elle s’était fait prescrire des opioïdes. »
En 2022, sa fille est décédée à la maison, à la suite de multiples problèmes de santé, à l’âge de 31 ans. Mais Connie maintient que « la cause de son décès est la stigmatisation ». En l’honneur de sa fille – qu’elle décrit comme une personne proche des gens et qui, malgré le fait qu’elle était gravement malade, trouvait toujours le moyen de réconforter les infirmières lorsqu’elles passaient une mauvaise journée – Connie a lancé le code de conduite Crystal Clear Code of Conduct. Il s’agit d’une politique globale sur la lutte contre la stigmatisation et le racisme pour tous, qui vise à créer des occasions de renforcer la confiance envers le système de soins de santé. Grâce à cette politique, elle espère contribuer à faire évoluer positivement la situation et à éradiquer la stigmatisation qu’elle et sa famille ont dû affronter.
Ce sont de vraies personnes, qui ont de réels problèmes et qui ont besoin d’aide. L’une des causes profondes de la consommation abusive d’opioïdes découle des traumatismes que ces gens ont subis durant leur enfance.